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jeudi 15 août 2013

Le culte de la Nature


CHAPITRE II.

Universalité du culte rendu à la Nature, prouvé par l’histoire et par les monuments politiques et religieux.

Ce n’est plus par des raisonnements que nous chercherons à prouver que l’Univers et ses parties, considérés comme autant de portions de la grande cause ou du Grand-Être, ont dû attirer les regards et les hommages des mortels. C’est par des faits et par un précis de l’histoire religieuse de tous les peuples que nous pouvons démontrer que ce qui a dû être a été effectivement, et que tous les hommes de tous les pays, dès la plus haute antiquité, n’ont eu d’autres dieux que les dieux naturels, c’est-à-dire, le Monde et ses parties les plus actives et les plus brillantes, le Ciel, la Terre, le Soleil, la Lune, les Planètes, les Astres fixes, les Éléments, et en général tout ce qui porte le caractère de cause et de perpétuité dans la Nature. Peindre et chanter le Monde et ses opérations, c’était autrefois peindre et chanter la Divinité.

De quelque côté que nous jetions nos regards dans l’ancien comme dans le nouveau continent, partout la Nature et ses principaux agents ont eu des autels. C’est son corps auguste, ce sont ses membres sacrés qui ont été l’objet de la vénération des peuples. Chérémon et les plus savants prêtres de l’Égypte étaient persuadés, comme Pline, qu’on ne devait admettre rien hors le Monde ou hors la cause visible, et ils appuyaient leur opinion de celle des plus anciens Égyptiens, « qui ne reconnaissaient, disent-ils, pour dieux que le Soleil, la Lune, les Planètes, les Astres qui composent le zodiaque, et tous ceux qui, par leur lever ou leur coucher, marquent les divisions des signes, leurs sous-divisions en décans, l’horoscope et les astres qui y président, et que l’on nomme chefs puissants du Ciel. Ils assuraient que les Égyptiens, regardant le Soleil comme un grand Dieu, architecte et modérateur de l’Univers, expliquaient non-seulement la fable d’Osiris, mais encore toutes leurs fables religieuses, généralement par les astres et par le jeu de leurs mouvements, par leur apparition, leur disparition ; par les phases de la Lune, par les accroissements ou la diminution de sa lumière, par la marche progressive du Soleil, par les divisions du Ciel et du temps dans leurs deux grandes parties, l’une affectée au jour et l’autre à la nuit ; par le Nil ; enfin, par l’action des causes physiques. Ce sont là, disaient-ils, les dieux arbitres souverains de la fatalité, que nos pères ont honorés par des sacrifices, et à qui ils ont élevé des images. » Effectivement, nous avons fait voir, dans notre grand ouvrage, que les animaux mêmes, consacrés dans les temples de l’Égypte, et honorés par un culte, représentaient les diverses fonctions de la grande cause, et se rapportaient au Ciel, au Soleil, à la Lune et aux différentes constellations, comme l’a très-bien aperçu Lucien. Ainsi la belle étoile Sirius ou la Canicule fut honorée sous le nom d’Anubis, et sous la forme d’un chien sacré nourri dans les temples. L’épervier représenta le Soleil, l’ibis la Lune, et l’astronomie fut l’ame de tout le système religieux des Égyptiens. C’est au Soleil et à la Lune, adorés sous les noms d’Osiris et d’Isis, qu’ils attribuaient le gouvernement du Monde, comme à deux divinités premières et éternelles, dont dépendait tout le grand ouvrage de la génération et de la végétation dans notre Monde sublunaire. Ils bâtirent, en l’honneur de l’astre qui nous distribue la lumière, la ville du Soleil ou d’Héliopolis, et un temple dans lequel ils placèrent la statue de ce dieu. Elle était dorée, et représentait un jeune homme sans barbe, dont le bras était élevé, et qui tenait en main un fouet, dans l’attitude d’un conducteur de chars ; dans sa main gauche était la foudre et un faisceau d’épis. C’est ainsi qu’ils désignèrent la puissance et tout ensemble la bienfaisance du dieu qui allume les feux de la foudre, et qui verse ceux qui font croître et mûrir les moissons.

Le fleuve du Nil, dont le débordement périodique vient tous les ans féconder par son limon les campagnes de l’Égypte, fut aussi honoré comme dieu ou comme une des causes bienfaisantes de la Nature. Il eut des autels et des temples à Nilopolis ou dans la ville du Nil. Près des cataractes, au-dessus d’Éléphantine, il y avait un collége de prêtres attachés à son culte. On célébrait les fêtes les plus pompeuses en son honneur, au moment surtout où il allait épancher dans la plaine les eaux qui tous les ans venaient la fertiliser. On promenait dans les campagnes sa statue en grande cérémonie ; on se rendait ensuite au théâtre ; on assistait à des repas publics ; on célébrait des danses, et l’on entonnait des hymnes semblables à ceux qu’on adressait à Jupiter, dont le Nil faisait la fonction sur le sol d’Égypte. Toutes les autres parties actives de la nature reçurent les hommages des Égyptiens. On lisait sur une ancienne colonne une inscription en l’honneur des dieux immortels, et les dieux qui y sont nommés sont le Souffle ou l’Air, le Ciel, la Terre, le Soleil, la Lune, la Nuit et le Jour.

Enfin le Monde, dans le système égyptien, était regardé comme une grande Divinité, composée de l’assemblage d’une foule de dieux ou de causes partielles, qui n’étaient autre chose que les divers membres du grand corps appelé Monde ou de l’Univers-Dieu.

Les Phéniciens, qui, avec les Égyptiens, ont le plus influé sur la religion des autres peuples, et qui ont répandu dans l’Univers leurs théogonies, attribuaient la divinité au Soleil, à la Lune, aux Étoiles, et ils les regardaient comme les seules causes de la production et de la destruction de tous les êtres. Le Soleil, sous le nom d’Hercule, était leur grande Divinité.

Les Éthiopiens, pères des Égyptiens, placés sous un climat brûlant, n’en adoraient pas moins la divinité du Soleil, et surtout celle de la Lune, qui présidait aux nuits, dont la douce fraîcheur faisait oublier les ardeurs du jour. Tous les Africains sacrifiaient à ces deux grandes Divinités. C’est en Éthiopie que l’on trouvait la fameuse table du Soleil. Ceux des Éthiopiens qui habitaient au-dessus de Méroë, admettaient des dieux éternels et d’une nature incorruptible, nous dit Diodore, tels que le Soleil, la Lune, et tout l’Univers ou le Monde. Semblables aux Incas du Pérou, ils se disaient enfants du Soleil, qu’ils regardaient comme leur premier père : Persina était prêtresse de la Lune, et le roi, son époux, prêtre du Soleil.

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Les Huns adoraient le Ciel et la Terre, et leur chef prenait le titre de Tanjaou ou de fils du Ciel.

Les Chinois, placés à l’extrémité orientale de l’Asie, révèrent le Ciel sous le nom du grand Tien, et ce nom désigne, suivant les uns, l’esprit du Ciel ; suivant d’autres, le Ciel matériel : c’est l’Uranus des Phéniciens, des Atlantes et des Grecs. L’Être suprême, dans le Chou-King, est désigné par le nom de Tien ou de Ciel, et deChang-Tien, Ciel suprême. Les Chinois disent de ce Ciel qu’il pénètre tout et comprend tout.

On trouve à la Chine les temples du Soleil et de la Lune, et celui des étoiles du nord.

On voit Thait-Tçoum aller au Miao offrir un holocauste au Ciel et à la Terre. On trouve pareillement des sacrifices faits aux dieux des montagnes et des fleuves.

Agoustha fait des libations à l’auguste Ciel et à la Terre reine.

Les Chinois ont élevé un temple au Grand-Être résultant de l’assemblage du Ciel, de la Terre et des Éléments, être qui répond à notre Monde, et qu’ils nomment Tay-Ki : c’est aux deux solstices que les Chinois vont rendre un culte au Ciel.

Les peuples du Japon adorent les astres, et les supposent animés par des intelligences ou par des dieux. Ils ont leur temple de la splendeur du Soleil ; ils célèbrent la fête de la Lune le 7 de septembre. Le peuple passe la nuit à se réjouir à la lumière de cet astre.

Les habitants de la terre d’Yeço adorent le Ciel.

Il n’y a pas encore neuf cents ans que les habitants de l’île Formose ne connaissaient point d’autres dieux que le Soleil et la Lune, qu’ils regardaient comme deux Divinités ou causes supremes, idée absolument semblable à celle que les Égyptiens et les Phéniciens avaient de ces deux astres.

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Le Soleil a été une des plus grandes Divinités des Indiens, si l’on en croit Clément d’Alexandrie. Les Indiens, même les spiritualistes, révèrent ces deux grands flambeaux de la Nature, le Soleil et la Lune, qu’ils appellent les deux yeux de la Divinité. Ils célèbrent tous les ans une fête en honneur du Soleil, le 9 janvier. Ils admettent cinq éléments, auxquels ils ont élevé cinq pagodes.

Les sept planètes sont encore adorées aujourd’hui sous différents noms dans le royaume de Nepale : on leur sacrifie chaque jour.

Lucien prétend que les Indiens, en rendant leurs hommages au Soleil, se tournaient vers l’orient, et que, gardant un profond silence, ils formaient une espèce de danse imitative du mouvement de cet astre. Dans un de leurs temples on avait représenté le dieu de la Lumière monté sur un quadrige ou sur un char attelé de quatre chevaux.

Les anciens Indiens avaient aussi leur feu sacré, qu’ils tiraient des rayons du Soleil, sur le sommet d’une très-haute montagne qu’ils regardaient comme le point central de l’Inde. Les Brames entretiennent encore aujourd’hui, sur la montagne de Tirounamaly, un feu pour lequel ils ont la plus grande vénération. Ils vont, au lever du Soleil, puiser de l’eau dans un étang, et ils en jettent vers cet astre, pour lui témoigner leur respect et leur reconnaissance de ce qu’il a voulu reparaître et dissiper les ténèbres de la nuit. C’est sur l’autel du Soleil qu’ils allumèrent les flambeaux qu’ils devaient porter devant Phaotès, leur nouveau roi, qu’ils voulaient recevoir.

L’auteur du Bagawadam [La Bhagavad-Gītā ?], reconnaît que plusieurs Indiens adressent des prières aux étoiles fixes et aux planètes. Ainsi le culte du Soleil, des Astres et des Éléments à formé le fond de la religion de toute l’Asie, c’est-à-dire, des contrées habitées par les plus grandes, par les plus anciennes comme les plus savantes nations, par celles qui ont le plus influé sur la religion des peuples d’Occident, et en général sur celle de l’Europe. Aussi, lorsque nous reportons nos regards sur cette dernière partie de l’ancien Monde, y trouvons-nous le sabisme ou le culte du Soleil, de la Lune et des Astres également répandu, quoique souvent déguisé sous d’autres noms et sous des formes savantes qui les ont fait méconnaître quelquefois de leurs adorateurs.

Les anciens Grecs, si l’on en croit Platon, n’avaient d’autres dieux que ceux qu’adoraient les Barbares du temps où vivait ce philosophe, et ces dieux étaient le Soleil, la Lune, les Astres, le Ciel et la Terre.

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Les fleuves étaient réputés sacrés et divins, tant à cause de la perpétuité de leurs cours, que parce qu’ils entretenaient la végétation, abreuvaient les plantes et les animaux, et parce que l’eau est un des premiers principes de la Nature, et un des plus puissants agents de la force universelle du Grand-Être.

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Le culte de la Nature doit donc être regardé comme la religion primitive et universelle des deux Mondes. A ces preuves tirées de l’histoire des peuples des deux continents s’en joignent d’autres tirées de leurs monuments religieux et politiques, des divisions et des distributions de l’ordre sacré et de l’ordre social, de leurs fêtes, de leurs hymnes et de leurs chants religieux, des opinions de leurs philosophes.

Dès que les hommes eurent cessé de se rassembler sur le sommet des hautes montagnes pour y contempler et y adorer le Ciel, le Soleil, la Lune et les autres Astres, leurs premières Divinités, et qu’ils se furent réunis dans les temples, ils voulurent retrouver dans cette enceinte étroite les images de leurs dieux et un tableau régulier de cet ensemble admirable, connu sous le nom de Monde ou du grand tout qu’ils adoraient.

Ainsi le fameux labyrinthe d’Égypte représentait les douze maisons du Soleil, auquel il était consacré par douze palais, qui communiquaient entre eux, et qui formaient la masse du temple de l’astre qui engendre l’année et les saisons en circulant dans les douze signes du zodiaque. On trouvait dans le temple d’Héliopolis ou de la ville du Soleil, douze colonnes chargées de symboles relatifs aux douze signes et aux Éléments.

Ces énormes masses de pierres consacrées à Tastre du jour avaient la figure pyramidale, comme la plus propre à représenter les rayons du Soleil, et la forme sous laquelle s’élève la flamme.

La statue d’Apollon Ageyus était une colonne terminée en pointe, et Apollon était le Soleil.

Le soin de figurer les images et les statues des dieux en Égypte n’était point abandonné aux artistes ordinaires. Les prêtres en donnaient les dessins, et c’était sur des sphères, c’est-à-dire, d’après l’inspection du Ciel et de ses images astronomiques, qu’ils en déterminaient les formes. Aussi voyons-nous que dans toutes les religions les nombres sept et douze, dont l’un rappelle celui des planètes et l’autre celui des signes, sont des nombres sacrés, et qui se reproduisent sous toutes sortes de formes. Tels sont les douze grands dieux ; les douze apôtres ; les douze fils de Jacob ou les douze tribus ; les douze autels de Janus ; les douze travaux d’Hercule ou du Soleil ; les douze boucliers de Mars ; les douze frères Arvaux ; les douze dieux Consentes ; les douze membres de la lumière, les douze gouverneurs dans le système manichéen ; les douze adeetyas des Indiens ; les douze azes des Scandinaves ; la ville aux douze portes de l’Apocalypse ; les douze quartiers de la ville dont Platon conçoit le plan ; les quatre tribus d’Athènes, sous divisées en trois fratries, suivant la division faite par Cécrops ; les douze coussins sacrés sur lesquels est assis le Créateur dans la cosmogonie des Japonais ; les douze pierres du rational du grand-prêtre des Juifs, rangées trois par trois, comme les saisons ; les douze cantons de la ligue étrusque, et leurs douze lucumons où chefs de canton ; la confédération des douze villes d’Ionie ; celle des douze villes d’Éolie ; les douze Tcheou dans lesquels Chun divise la Chine ; les douze contrées entre lesquelles les habitants de la Corée partagent le Monde ; les douze officiers chargés de traîner le sarcophage dans les funérailles du roi de Tunquin ; les douze chevaux de main ; les douze éléphants, etc. conduits dans cette cérémonie.

Il en fut de même du nombre sept. Tel le chandelier à sept branches, qui représentait le système planétaire dans le temple de Jérusalem ; les sept enceintes du temple ; celles de la ville d’Ecbatane, également au nombre de sept, et teintes de couleurs affectées aux planètes ; les sept portes de l’antre de Mithra ou du Soleil ; les sept étages de la tour de Babylone, surmontés d’un huitième qui représentait le Ciel, et qui servait de temple à Jupiter ; les sept portes de la ville de Thèbes, portant chacune le nom d’une planète ; la flûte aux sept tuyaux, mise entre les mains du Dieu qui représente le grand tout ou la Nature, Pan ; la lyre aux sept cordes, touchée par Apollon ou par le Dieu du Soleil ; le livre des Destins, composé de sept tablettes ; les sept anneaux prophétiques des Brachmanes, où était gravé le nom d’une planète ; les sept pierres consacrées aux mêmes planètes en Laconie ; la division en sept castes, adoptée par les Égyptiens et les Indiens dès la plus haute antiquité ; les sept idoles que les Bonzes portent tous les ans en pompe dans sept temples différents ; les sept voyelles mystiques qui formaient la formule sacrée proférée dans les temples des planètes ; les sept pyrées ou autels du monument de Mithra ; les sept Amchaspands ou grands génies invoqués par les Perses ; les sept archanges des Chaldéens et des Juifs ; les sept tours résonnantes de l’ancienne Byzance ; la semaine chez tous les peuples, ou la période de sept jours consacrés chacun à une planète ; la période de sept fois sept ans chez les Juifs ; les sept sacrements chez les Chrétiens, etc. C’est surtout dans le livre astrologique et cabalistique, connu sous le nom d’Apocalypse de Jean, qu’on retrouve les nombres douze et sept répétés à chaque page. Le premier l’est quatorze fois, et le second vingt-quatre.

Le nombre trois cent soixante, qui est celui des jours de l’année, sans y comprendre les épagomènes, fut aussi retracé par les trois cent soixante dieux qu’admettait la théologie d’Orphée ; par les trois cent soixante coupes d’eau du Nil, que les prêtres égyptiens versaient, une chaque jour, dans un tonneau sacré qui était dans la ville d’Achante ; par les trois cent soixante Éons ou génies des gnostiques ; par les trois cent soixante idoles placées dans le palais du Daïri au Japon ; par les trois cent soixante petites statues qui entouraient celle d’Hobal ou du dieu Soleil, Bel, adoré par les anciens Arabes ; par les trois cent soixante chapelles bâties autour de la superbe mosquée de Balk, élevée par les soins du chef de la famille des Barmécides ; par les trois cent soixante génies qui saisissent l’ame à la mort, suivant la doctrine des Chrétiens de saint Jean ; par les trois cent soixante temples bâtis sur la montagne Lowham à la Chine ; par le mur de trois cent soixante stades, dont Sémiramis environna la ville de Bélus ou du Soleil, la fameuse Babylone. Tous ces monuments nous retracent la même division du Monde, et du cercle divisé en degrés que parcourt le Soleil. Enfin la division du zodiaque en vingt-sept parties, qui exprime les stations de la Lune, et en trente-six, qui est celle des décans, furent pareillement l’objet des distributions politiques et religieuses.

Non-seulement les divisions du Ciel, mais les constellations elles-mêmes, furent représentées dans les temples, et leurs images consacrées parmi les monuments du culte et sur les médailles des villes. La belle étoile de la Chèvre, placée aux cieux dans la constellation du Cocher, avait sa statue en bronze dorée dans la place publique des Phliassiens. Le Cocher lui-même avait ses temples, ses statues, ses tombeaux, ses mystères en Grèce, et il y était honoré sous les noms de Myrtile, d’Hippolyte, de Sphérœus, de Cillas, d’Érecthée, etc.

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Les anciens Chinois, dit Confucius, établirent un sacrifice solennel en l’honneur de Chang-Ty, au solstice d’hiver, parce que c’est alors que le Soleil, après avoir parcouru les douze palais, recommence de nouveau sa carrière pour nous distribuer sa bienfaisante lumière.

Ils instituèrent un second sacrifice dans la saison du printemps, pour le remercier en particulier des dons qu’il fait aux hommes par le moyen de la terre. Ces deux sacrifices ne peuvent être offerts que par l’empereur de la Chine, fils du Ciel.

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Les anciens Égyptiens promenaient la vache sacrée sept fois autour du temple, au solstice d’hiver. A l’équinoxe du printemps, ils célébraient l’époque heureuse où le feu céleste venait tous les ans embraser la nature.

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Pythagore pensait que les corps célestes étaient immortels et divins ; que le Soleil, la Lune et tous les Astres étaient autant de dieux qui renfermaient avec surabondance la chaleur, qui est le principe de la vie. Il plaçait la substance de la Divinité dans ce feu Éther, dont le Soleil est le principal foyer.

Parménide imaginait une couronne de lumière qui enveloppait le Monde, il en faisait aussi la substance de la Divinité, dont les Astres partageaient la Nature. Alcméon de Crotone faisait résider les dieux dans le Soleil, dans la Lune et dans les autres Astres. Antisthène ne reconnaissait qu’une seule Divinité, la Nature. Platon attribue la Divinité au Monde, au Ciel ; aux Astres et à la Terre. Xénocrate admettait huit grands dieux, le Ciel des fixes et les sept Planètes. Héraclide de Pont professa la même doctrine. Théophraste donne le titre de causes premières aux Astres et aux signes célestes. Zénon appelait aussi dieux l’Éther, les Astres, le Temps et ses parties. Cléanthe admettait la dogme de la divinité de l’Univers, et surtout du feu Éther, qui enveloppe les sphères et les pénètre. La Divinité toute entière, suivant ce philosophe, se distribuait dans les Astres, dépositaires d’autant de portions de ce feu divin. Diogène le babylonien rapportait toute la mythologie à la Nature ou à la physiologie. Chrysippe reconnaissait le monde pour Dieu. Il faisait résider la substance divine dans le feu Éther, dans le Soleil, dans la Lune et dans les Astres, enfin dans la Nature et ses principales parties.

Anaximandre regardait les Astres comme autant de dieux ; Anaximène donnait ce nom à l’Éther et à l’Air ; Zénon, au monde en général, et au Ciel en particulier.

Nous ne pousserons pas plus loin nos recherches sur les dogmes des anciens philosophes, pour prouver qu’ils ont été d’accord avec les plus anciens poètes, avec les théologiens qui composèrent les premières théogonies, avec les législateurs qui réglèrent l’ordre religieux et politique, et avec les artistes qui élevèrent les premiers des temples et des statues aux dieux.

Il reste donc démontré, d’après tout ce que nous venons de dire, que l’Univers et ses parties, c’est-à-dire, la Nature et ses agents principaux, ont non-seulement dû être adorés comme dieux, mais qu’ils l’ont été effectivement ; d’où il résulte une conséquence nécessaire ; savoir : que c’est par la Nature et ses parties, et par le jeu des causes physiques, que l’on doit expliquer le système théologique de tous les anciens peuples ; que c’est sur le Ciel, sur le Soleil, sur la Lune, sur les Astres, sur la Terre et sur les Éléments que nous devons porter nos yeux si nous voulons retrouver les dieux de tous les peuples, et les découvrir sous le voile que l’allégorie et la mysticité ont souvent jeté sur eux, soit pour piquer notre curiosité, soit pour nous inspirer plus de respect. Ce culte ayant été le premier et le plus universellement répandu, il s’ensuit que la méthode d’explication qui doit être employée la première et le plus universellement, est celle qui porte toute entière sur le jeu des causes physiques et sur le mécanisme de l’organisation du Monde. Tout ce qui recevra un sens raisonnable, considéré sous ce point de vue ; tout ce qui, dans les poëmes anciens sur les dieux et dans les légendes sacrées des différents peuples, contiendra un tableau ingénieux de la Nature et de ses opérations, est censé appartenir à cette religion que j’appelle la religion universelle. Tout ce qui pourra s’expliquer sans effort par le système physique et astronomique doit être regardé comme faisant partie des aventures factices que l’allégorie a introduites dans les chants sur la Nature. C’est sur cette base que repose tout le système d’explication que nous adoptons dans notre ouvrage. On n’adora, avons-nous dit, on ne chanta que la Nature, on ne peignit qu’elle : donc c’est par elle qu’il faut tout expliquer : la conséquence est nécessaire.

Ch. 2 Universalité du culte rendu à la Nature, prouvé par l’histoire et par les monuments politiques et religieux.

Illustration : Isis allaitant Horus

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